La mobilité urbaine connaît une véritable révolution. Face aux enjeux environnementaux et à la congestion croissante des centres-villes, les modes de transport doux s'imposent comme une solution d'avenir. Ces alternatives écologiques et économiques permettent de repenser nos déplacements quotidiens tout en améliorant notre qualité de vie. Mais comment favoriser concrètement leur adoption à grande échelle ? Quels aménagements et initiatives peuvent inciter les citadins à délaisser leur voiture au profit de moyens plus durables ?
Aménager des pistes cyclables sécurisées et continues
L'un des principaux freins à l'utilisation du vélo en ville reste le manque d'infrastructures adaptées. Pour encourager la pratique cycliste, il est essentiel de créer un réseau de pistes cyclables sécurisées, continues et bien reliées entre elles. Ces voies dédiées doivent être suffisamment larges, séparées physiquement du trafic automobile et clairement signalées.
Les collectivités peuvent s'inspirer des modèles néerlandais ou danois, pays pionniers en la matière. À Copenhague par exemple, plus de 50% des déplacements domicile-travail s'effectuent à vélo grâce à un maillage dense de pistes cyclables. La ville a notamment mis en place des autoroutes à vélos, des voies express réservées aux cyclistes reliant la périphérie au centre-ville.
En France, des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années. De nombreuses métropoles comme Paris, Strasbourg ou Bordeaux ont considérablement développé leurs infrastructures cyclables. Le Plan Vélo national prévoit d'ailleurs la création de 100 000 km de pistes cyclables supplémentaires d'ici 2030.
Outre les pistes cyclables, d'autres aménagements sont nécessaires pour faciliter la pratique du vélo : multiplication des arceaux et parkings sécurisés, création de sas vélos aux feux rouges, généralisation des double-sens cyclables dans les zones 30, etc. Ces équipements contribuent à rendre la ville plus cyclable et à légitimer la place du vélo dans l'espace public.
Développer un réseau de vélos en libre-service
Les systèmes de vélos en libre-service ont connu un essor fulgurant ces dernières années. Ces flottes de vélos en accès libre, disponibles 24h/24 via des stations réparties dans toute la ville, offrent une solution de mobilité flexible et abordable. Elles permettent notamment de répondre aux besoins de déplacements occasionnels ou de dernier kilomètre.
Le succès du Vélib' à Paris a fait des émules dans de nombreuses villes françaises et européennes. Lyon, Bordeaux, Lille ou encore Bruxelles proposent désormais leurs propres services de vélos partagés. Ces systèmes rencontrent généralement un franc succès auprès des usagers et contribuent à démocratiser l'usage du vélo en milieu urbain.
Pour être efficace, un réseau de vélos en libre-service doit répondre à plusieurs critères :
- Un maillage dense de stations, bien réparties sur le territoire
- Une flotte de vélos suffisante et bien entretenue
- Un système d'abonnement et de paiement simple et attractif
- Une application mobile performante pour localiser et débloquer les vélos
- L'intégration au réseau de transport public existant
Les collectivités peuvent également opter pour des flottes mixtes, incluant des vélos à assistance électrique. Ces derniers permettent d'élargir le public cible en facilitant les trajets plus longs ou vallonnés. La ville de Madrid a par exemple déployé avec succès un service de vélos électriques en libre-service baptisé BiciMAD.
Instaurer des zones piétonnes dans le centre-ville
La piétonisation des centres-villes est un levier puissant pour encourager les mobilités douces. En réduisant la place de la voiture, elle permet de créer des espaces publics plus agréables et sécurisés, propices à la marche et au vélo. De nombreuses villes européennes ont fait le pari de vastes zones piétonnes, avec des résultats probants en termes de qualité de vie et d'attractivité commerciale.
Strasbourg fait figure de pionnière en France avec sa Grande-Île entièrement piétonne depuis les années 1990. Plus récemment, des villes comme Bordeaux, Nantes ou Grenoble ont entrepris de reconquérir leur hypercentre au profit des piétons et des cyclistes. Ces aménagements s'accompagnent souvent d'une requalification des espaces publics : élargissement des trottoirs, plantation d'arbres, installation de mobilier urbain, etc.
La piétonisation peut prendre différentes formes :
- Zones piétonnes permanentes
- Rues piétonnes temporaires (le week-end ou en soirée)
- Zones de rencontre limitées à 20 km/h
- Aires piétonnes avec accès restreint pour certains véhicules
Pour être efficace, la piétonisation doit s'accompagner d'une réflexion globale sur l'accessibilité du centre-ville. Il est crucial de proposer des alternatives à la voiture : renforcement des transports en commun, création de parkings relais en périphérie, développement de services de navettes électriques, etc.
Modes de transport doux pour une ville durable
Les modes de transport doux, aussi appelés mobilités actives, regroupent l'ensemble des déplacements non motorisés. Ils présentent de nombreux avantages en termes d'environnement, de santé publique et de qualité de vie urbaine. Zoom sur les principales options de mobilité douce à encourager en ville.
La marche à pied accessible à tous
La marche reste le mode de déplacement le plus naturel et universel. Elle ne nécessite aucun équipement particulier et convient à tous les publics. Pour favoriser la marche en ville, il est essentiel de créer un environnement urbain agréable et sécurisé : trottoirs larges et bien entretenus, passages piétons sécurisés, éclairage adapté, bancs publics pour se reposer, etc.
Les zones de rencontre et les rues aux écoles sont des exemples d'aménagements qui redonnent la priorité aux piétons. La ville de Pontevedra en Espagne a même fait le choix radical de piétonniser l'intégralité de son centre-ville, avec des résultats impressionnants en termes de qualité de vie et de réduction de la pollution.
Le vélo plébiscité pour les courts trajets
Le vélo s'impose comme une alternative crédible à la voiture pour les déplacements urbains de courte et moyenne distance. Il combine rapidité, flexibilité et bénéfices pour la santé. L'essor du vélo à assistance électrique (VAE) permet en outre d'élargir son rayon d'action et de s'affranchir des contraintes liées au relief.
La trottinette électrique gagne en popularité
Nouvel acteur de la mobilité urbaine, la trottinette électrique connaît un succès croissant, en particulier auprès des jeunes actifs. Compacte et facile à utiliser, elle offre une solution pratique pour les courts trajets, notamment en complément des transports en commun. De nombreuses villes ont vu fleurir des services de trottinettes en libre-service, non sans poser des défis en termes de régulation et de partage de l'espace public.
Sensibiliser les citoyens aux transports écologiques
Au-delà des aménagements urbains, il est crucial de mener des actions de sensibilisation pour encourager l'adoption des modes de transport doux. Les collectivités peuvent organiser des événements comme la Semaine de la mobilité ou la Journée sans voiture pour faire découvrir aux citadins les alternatives à la voiture individuelle.
Des campagnes de communication ciblées permettent également de mettre en avant les bénéfices des mobilités actives : gain de temps, économies réalisées, bienfaits pour la santé, etc. L'éducation à la mobilité durable doit commencer dès le plus jeune âge, avec des interventions dans les écoles et la mise en place de pédibus ou vélobus pour les trajets scolaires.
Les entreprises ont aussi un rôle à jouer en encourageant leurs salariés à adopter des modes de déplacement plus vertueux. Elles peuvent par exemple :
- Mettre en place un Plan de Mobilité Employeur
- Proposer des incitations financières (indemnité kilométrique vélo, prise en charge des abonnements de transport)
- Installer des douches et vestiaires pour les cyclistes
- Organiser des challenges inter-entreprises sur la mobilité durable
Enfin, les nouvelles technologies peuvent être mises à profit pour faciliter l'adoption des mobilités douces. Des applications mobiles comme Géovélo
ou Citymapper
permettent de calculer des itinéraires optimisés combinant différents modes de transport doux et collectifs.
Favoriser l'intermodalité entre transports doux et collectifs
Pour être vraiment efficaces, les modes de transport doux doivent s'intégrer dans une approche globale de la mobilité urbaine. L'enjeu est de faciliter les connexions entre les différents modes de déplacement pour offrir une alternative crédible à la voiture individuelle sur l'ensemble des trajets.
L'intermodalité consiste à combiner plusieurs modes de transport au cours d'un même déplacement. Par exemple, utiliser son vélo pour rejoindre la gare, prendre le train, puis terminer son trajet en trottinette électrique. Pour favoriser ces pratiques, il est essentiel de :
- Créer des pôles d'échanges multimodaux autour des gares et stations de métro
- Installer des parkings à vélos sécurisés dans les gares et aux arrêts de bus
- Autoriser le transport des vélos dans les transports en commun
- Développer des services de vélos en libre-service à proximité des stations
- Mettre en place une tarification et une billettique intégrées pour tous les modes de transport
Les villes peuvent s'inspirer du concept de Mobility as a Service (MaaS) qui vise à offrir aux usagers une plateforme unique regroupant l'ensemble des services de mobilité disponibles. La ville d'Helsinki en Finlande fait figure de pionnière avec son application Whim
qui permet de planifier et payer ses trajets en combinant transports publics, vélos en libre-service, taxis et autopartage.